YANDE CODOU SENE Yande Codou Sene, chanteuse sénégalaise née en 1932 dans le Sine Saloum est décédée en 2010. Elle s'inscrit dans la tradition sérère dont faisait partie le président Léopold Sédar Senghor Elle a d'ailleurs été sa griotte officielle(1) en l'accompagnant partout dans le monde.  

De nombreux travaux laissent à penser que le président Senghor a repris une technique propre aux griots et à laquelle il fait référence dans le poème Aux Tirailleurs Sénégalais morts pour la France : « Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme. ». Elle était la seule à pouvoir interrompre le président pour entamer un chant de louange.

Ses origines ont fortement influencé la musique sénégambienne, notamment des artistes comme Youssou N’Dour avec qui elle enregistre l’album Gaïndé en 1995. Son premier album solo, intitulé « Night sky in Sine Saloum » ne sortira qu’en 1998.

Dans le long-métrage de Safi Faye, sorti en 1996, Yande Codou interprète une chanson évoquant les esprits ancestraux de la religion sérère.  Sa voix puissante fait l'objet de critiques élogieuses.

C’est une artiste connue et admirée par toute une génération d’artistes sénégalais. Deux documentaires retracent d’ailleurs sa vie. Dans «Yandé Codou Sène, la griotte de Senghor», d’Angèle Diabang Brener (2008), on découvre la « diva » vivant modestement au milieu de sa nombreuse famille. Elle chantait autour des événements rythmant la vie des Sérères en louant les valeurs de l’amitié, de la fidélité. Dans tous les villages, l’évocation de son nom ne laisse personne indifférent et tout le monde peut fredonner ses chansons.

Après sa disparition, dans la communauté sérères, la fierté a cédé le pas à la tristesse voire aux regrets. Et d’aucun de souligner que si elle a vécu d’une manière modeste, qu’elle a chanté pour tous, qui va chanter pour elle maintenant?

 

(1) Le griot ou la griotte fait partie d’une caste qui s’est développée du fait que la transmission écrite n’existait pas. Il ou elle est donc considéré comme le dépositaire de la tradition orale. Les familles griotiques peuvent être spécialisées en histoire du pays et en généalogie, en art oratoire, en pratique musicale, ou pratiquer les trois, en fonction de l'habileté de chaque griot4. Ils peuvent être appelés djéli en pays mandingue, guéwël en pays wolof et gawlo chez les Toucouleurs. On ne devient pas griot, on naît griot par des liens particuliers.


MANDEMORY Boubacar Touré Mandémory (né en 1956 à Dakar) est un grand photographe autodidacte.  Il utilise des appareils de dernières technologies avec, notamment, des objectifs à 180 degrès (lui permettant de s’approcher des gens sans qu’ils sachent qu’ils sont dans son cadre) pour fixer des scènes de rue et autres images anecdotiques. 

 

En 1986, sa première exposition, intitulée les « Fous de Dakar » a lieu au Musée naval de Gorée. Il montre sous tous les angles des personnes en haillons dans les rues de la capitale sénégalaise avec des prises de vue très particulières. Il ouvre son agence en 1989. En 1990 il lance le mois de la photo à Dakar qui deviendra les « Rencontres de la photographie africaine » de Bamako (Mali).

 

En 1992 il se lance dans le grand reportage et contribue à faire mieux connaitre des groupes ethniques du Sénégal comme les Bassaris, les Bedik ou le Diolas et ceux de Sierra Leone (Timinis). Ses photographies présentent les villes d’Afrique, montrent les populations du fleuve Niger, le phénomène du Rap et les cultures urbaines à Dakar où les minorités ethniques du Sénégal ont permis de tordre le cou à l’image désuète d’un continent arrimé à des traditions obsolètes, ravagé par la sécheresse, la famine et le totalitarisme.

 

En hissant la photographie au rang de pratique artistique, il contribue localement à son entrée dans les galeries et les musées.  C’est en 2000 qu’il monte le service photo de l’Agence panafricaine de presse où il prodigue des conseils et des formations au sein de l’atelier « Regard sur la ville de Rufisque ». Mandémory en donne la définition suivante : « Cet atelier vise à interpeller les politiques sur leur manière de gérer l’espace urbain en dénonçant le laisser-aller et le laisser-faire. Nous vivons dans un espace que nous sommes les premiers à dégrader. Les autorités sont complices dans leur inaction. Dénoncer l’Afrique en m’adressant à des Africains est un geste plus positif, plus citoyen que d’en laisser la responsabilité à d’autres ». Cette démarche a été comprise de certains habitants et des prises de conscience ont eu lieu de la part des maires d’arrondissement.

 

Sa démarche est à la fois artistique et journalistique.


OUSMANE SEMBENE, écrivain, réalisateur, acteur et scénariste majeur de l'Afrique contemporaine, est aussi connu comme militant sur les questions politiques et sociales.

Né le 1er janvier 1923 à  Ziguinchor au Sénégal de parents Lébous qui ont quitté la presqu'île du Cap-Vert pour la Casamance, il fréquente l’école coranique et l’école française, apprenant ainsi le français et l’arabe tout en parlant le wolof sa langue maternelle.

En 1942, il intègre les Tirailleurs sénégalais mobilisés par l'armée coloniale française pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il arrive clandestinement à Marseille en 1946 où il y travaille comme maçon, puis docker. Il adhère à la CGT et au Parti communiste français tout en militant contre la guerre en Indochine et pour l’indépendance de l’Algérie.

Entre 1956 et 1960, il publie plusieurs romans comme « Docker Noir », « Ô pays, mon beau peuple », les « Bouts de bois de Dieu » qui, s’inspirant de faits réels, raconte l’histoire de la grève des cheminots du Dakar-Niger en 1947-1948 sur fond de colonialisme et de lutte pour une égalité de droits entre les cheminots sénégalais et français.

En 1960, l’année de l’indépendance du Sénégal, Ousmane Sembène rentre en Afrique. Il voyage à travers différents pays du continent et commence à penser au cinéma, pour donner une autre image de l’Afrique, voulant montrer la réalité à travers les masques, les danses, les représentations.

En 1962 il réalise son premier court-métrage Borom Saret (le charretier), suivi en 1964 par Niaye. La notoriété arrive en 1966 avec « La Noire de… », premier long métrage « négro-africain » du continent qui recevra le prix Jean-Vigo. Ce film raconte l’histoire d’une jeune sénégalaise qui quitte son pays et sa famille pour venir travailler en France chez un couple qui l’humiliera et la traitera en esclave, la poussant au suicide.

Il tourne en 1968 « Le Mandat » - considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre et couronné par le Prix de la critique internationale au Festival de Venise - comédie acerbe contre la nouvelle bourgeoisie sénégalaise, apparue avec l'indépendance.

En 1979, son film Ceddo est interdit par le président Senghor. Raison officielle : Cedo s’écrit avec un seul D. Mais cette censure trouverait sa justification dans le fait que le pouvoir sénégalais ne veuille pas froisser les autorités religieuses, notamment musulmanes. En effet, ce film relate la révolte des Ceddos à la fin du XVII siècle ,(tribu traditionnelle animiste convertie de force à l’islam, à laquelle le film rend hommage. Dans ce long métrage, Ousmane Sembene attaque avec virulence les invasions conjointes du catholicisme et de l'islam en Afrique de l'Ouest, leur rôle dans le délitement des structures sociales traditionnelles avec la complicité de certains membres de l'aristocratie locale.

En 1988, malgré le prix spécial du jury au Festival de Venise, son film, Camp de Thiaroye, ne sort en France qu’en 1990.  Ce long-métrage est un hommage aux Tirailleurs sénégalais et surtout une dénonciation d'un épisode accablant pour l'armée coloniale française en Afrique, qui se déroula à Thiaroye en 1944.

En 2000, avec Faat Kiné, il commence un triptyque sur « l’héroïsme au quotidien » consacré à la condition de la femme africaine. Le second, Moolaadé  (2003), aborde le thème de l’excision en relatant l’histoire de quatre fillettes qui fuient et trouvent refuge auprès d’une femme qui leur offre l’hospitalité malgré les pressions du village et de son mari.

Ousmane Sembene qui a reçu de très nombreuses récompenses lors de divers festivals du cinéma, revendique un cinéma militant. Il se place sur le terrain de la critique sociale et politique. Il parcourt l'Afrique, pour montrer ses films et transmettre son message.

 

Il reçoit en 2006, les insignes d'officier dans l'ordre de la Légion d’honneur de la République française. Malade, il meurt à l'âge de 84 ans à son domicile à Yoff le 9 juin 2007 où il est inhumé.


ISMAEL LO est très tôt attiré par la musique, plus particulièrement par les mélodies mandingues (ethnie la plus répandue en Afrique de l’ouest). Né en 1956 au Niger, il rentre jeune au Sénégal où il grandit entre son père sénégalais, sa mère nigériane et son frère aîné. Après deux ans d’études à l'Institut des arts de Dakar où il perfectionne ses connaissances en peinture, iI se fait repérer en tant que chanteur lors d’une émission télévisée. La notoriété arrive très vite en interprétant de nombreux tubes dans le domaine de la variété avec son groupe Super Diamono. 

A partir de 1984, il chante plus du folk et de la soul sur des textes parfois politiques. Avec son harmonica et sa guitare, il donne au rythme mbalax (musique provenant en partie de la musique religieuse et conservatrice sérère) un tempo plus cool avec un son souvent proche du rytm’n’blues.

 

Sa carrière internationale débute vraiment en 1990. Il s’impose notamment avec le titre Tajabone (chanson populaire sénégalaise) chanté en wolof dont le son est particulièrement envoutant, chanson qui sera reprise par Pédro Almodovar dans son film «Tout sur ma mère».

 

La même année, il sort "Afrique Sunu", qui étrangement n'est pas diffusé en France. En 1992 c’est "Khumbeul"et en 1994, dans "Iso", il mêle plusieurs rythmes. Roda-Gil lui écrit «La femme sans haine». En 1996, dans une compilation, il chante en duo avec Marianne Faithful ("Without blame"). La même année, il se produit à l’Olympia en première partie de Jane Birkin et enregistre aussi un duo avec Stephan Eicher.

 

En  2001, sur l’album "Dabah", il rend hommage à Dabah Malik, guide spirituel et religieux sénégalais (décédé en 1997), album très inspiré par l'Afrique avec des rythmes reggae, soul, salsa, m’balax. Les thèmes abordés sont toujours la paix, l'amour, les inégalités.

 

Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur en 2002 pour ses qualités artistiques, ses valeurs humaines et son action pour la Francophonie.

Il sort en 2006 "Sénégal", hommage en son pays, point de départ de son succès international en évoquant les thèmes qui lui tiennent à cœur comme les mariages arrangés ("Taar Dusey") et la politique ("Manko"). Il rend aussi hommage aux victimes du naufrage dramatique d'un ferry reliant Dakar à la Casamance ("Le Joola").

 

Reconnu dans le monde, auteur, compositeur, interprète, il est accompagné durant ses premières années de soliste, du vieux Faye, guitariste et arrangeur féru de jazz qui personnalise sa musique et met en valeur sa voix. Il s’entoure également de Sélé Thiam, ex saxophoniste du Super Diamono et de Thio Mbaye aux percussions.

 

Ismaël Lo, surnommé le Bob Dylan africain, est, comme Youssou N’Dour, une figure incontournable de la chanson sénégalaise, appréciée tant en Afrique qu’en Europe.


KALIDOU KASSE est né à Diourbel le 5 octobre 1957. C'est un artiste plasticien sénégalais, peintre et sculpteur.

Surnommé le « Pinceau du Sahel », il a réussi la prouesse d’être reconnu tant dans son pays qu’à l’extérieur. Partout où il expose, on s’arrache ses œuvres. Il est fondateur de la première et seule école des arts visuels Taggad qui signifie former en wolof. Il est président de l’Association internationale des arts plastiques.

D’origine peule, il évoque dans ses œuvres l’univers paisible et romantique du quotidien des sociétés africaines du Sahel. Ses personnages sont filiformes, de couleurs vives et chatoyantes. Il décrit un monde poétique et enchanteur. A travers sa vie et son œuvre il a su marier et harmoniser l’art pictural occidental avec l’esthétique africaine qu’il a hérité de sa famille de tisserands. Une authenticité qui annonce l’art d’un monde naissant qui n’abandonne pas son passé.

Le travail de Kalidou Kassé exprime la modernité africaine enracinée dans l’histoire sociale du continent. Il confie « Mon passage aux Manufactures des arts décoratifs de Thiès entre 1976 et 1979 m’a permis d’apprendre le mélange des couleurs. Les œuvres de tous les grands peintres sénégalais de cette époque-là ont été tissées sous mes yeux. Pendant deux ans, j’ai pu suivre et analyser l’évolution de leurs techniques ”.

Kalidou Kassé est un touche-à-tout, un boulimique de travail et de créativité. En 1990, il est précurseur en ouvrant une galerie privée, malgré les réticences de beaucoup. Il précise : “Avec Paulane, mon frère d’Art et partenaire dans cette Galerie des Artistes Réunis, nous n’étions pas compris”. Mais la référence au prophète Mahomet qui avait fait l’objet de persécution en son temps m’a donné la force de ne pas être diverti par les critiques de salon et de persévérer dans la voie que je m’étais fixé”. Après la fermeture de cette galerie, il ouvre, en 2000, les Ateliers du Sahel à Dakar.

Aujourd’hui 80 % des artistes Sénégalais ont eu à exposer dans l’une ou l’autre de ses galeries. C’est aussi grâce à Kalidou Kassé qu’a été initié et réalisé le plus grand élan de solidarité en faveur de Alpha Waly Diallo, un artiste plasticien pour lui permettre d’aller se faire soigner en France.

L’art n’étant pas suffisamment soutenu par l’Etat, le combat qu’il mène aujourd’hui en tant que président du comité sénégalais de l’Association Internationale des Arts Plastiques auprès de l’UNESCO, consiste à se donner les moyens de devenir un véritable manager pour pouvoir aider les jeunes en mettant à leur disposition des espaces culturels afin qu’ils puissent donner libre cours à leur créativité qui ne demande qu’à s’exprimer. Pour lui deux mots essentiels : transmition et formation.

Son rêve : Arriver à créer une sorte de “Villa Médicis” où de jeunes artistes pourront vivre et travailler sans se soucier du lendemain pour le rayonnement de l’art africain.

Kalidou Kasse est un peintre magnifique, un expressionniste, ou plutôt un « sur expressionniste » comme le définit Hamidou Dia, « dont le tempérament de feu happe littéralement l’univers extérieur pour le fondre dans le tourbillon de ses touches tout en délicatesse, tout en finesse ».


OUSMANE SOW est mort à Dakar le 1er décembre 2016, ville où il était né le 10 octobre 1935. Son père était un ancien combattant de la Première guerre mondiale.  Un de ses oncles, frère de sa mère descendante d’une vielle famille de St Louis du Sénégal, a conduit la lutte armée contre la présence coloniale française où il fut tué lors d’une bataille, histoire qui marquera l’œuvre de Ousmane Sow un siècle plus tard.

 

Dès son plus jeune âge, il prend conscience de son gout pour la sculpture. En 1956, après la mort de son père, il poursuit des études de kinésithérapeute en France, métier qu’il exercera jusqu’à 50 ans, tout en fréquentant des élèves des Beaux Arts, .

De retour au Sénégal il se consacre définitivement à son art. Il met au point une technique qui lui permet de construire de grandes figures. Il crée la série Nouba, dont le peuple vit au Soudan. Ces premières expositions lui valent une reconnaissance rapide et internationale.

 

D’un réalisme appuyé, ces nus suggèrent le mouvement avec justesse. Il s’attache ensuite aux Masaï, éleveurs et guerriers d’Afrique de l’est qui ont réussi à lutter et même quelque fois à vaincre les colons. Puis, dans les années 1990, il sculpte les Peuls en donnant à voir des scènes de la vie quotidienne d’autrefois.

 

En 1999, il choisit de travailler le bronze car « le bronze classique africain est la réplique d'un original vivant, un métal issu de la chair ». Il va collaborer étroitement avec les Ateliers Coubertin. En 10 ans, plus de 40 bronzes sculptées sans modèle (dont une vingtaine sont monumentales) sortiront de cette fonderie pour être exposées dans le monde entier, comme « La danseuse aux cheveux courts », le « Lutteur debout », « La mère et l’enfant ». Genève expose en son centre « L’immigré ». Il sculpte Le Générale de Gaule pour le Conseil général des Yvelines, Nelson Mandela - en tenue de gardien qui écarte de la main droite tous les chefs d’états corrompus - siège à la Compagnie Française d'Afrique Occidentale à Sèvres (Hauts-de-Seine). Un bronze de Toussaint L’Ouverture est dans la cour du Musée du Nouveau monde de La Rochelle.

 

Ousmane Sow admire aussi Victor Hugo. Sa statue « L’Homme et l’enfant » est érigée depuis 2003 sur la place des Droits de l’homme à Besançon.

 

En 2013, il est le premier artiste noir à entrer à l’Académie des beaux-arts, le second sous la Coupole après Léopold Sédar Senghor à l’Académie française.

 

Sa vie autant que son œuvre sont profondément ancrées dans son pays. Mais les critiques ont fait de lui, à son insu sans doute, le champion des ennemis de l’art actuel.

 


DOUDOU NDIAYE ROSE, surnommé artiste caméléon, est né puis est décédé à Dakar. Il a vécu de 1930 à 2015. Percussionniste sénégalais, il est certainement l’un des musiciens africains les plus célèbres. Il est aussi appelé le « mathématicien des rythmes ». Grand maître des tambours, il peut diriger plus de 100 batteurs sur plusieurs rythmes en même temps. Il a été classé en 2006 par l’Unesco « Trésor humain vivant ». Son instrument de prédilection est le sabar traditionnel et ses nombreuses variantes.

Issu d’une famille de griots wolof, il se voit interdit de jouer du tambour. Il écrira plus tard «Même si j’ai appris le métier de plombier que j’ai exercé jusqu’à l’indépendance, je n’ai jamais cessé de jouer du tam-tam, me renseignant sans arrêt sur la signification de tous les rythmes. A l’époque, à Dakar, il y avait chaque jour des cérémonies de mariage, de baptême… Sur le chemin de l’école, j’entendais le tam-tam... c’était fini pour moi : je suivais les sons portés par le vent, je courais, je cherchais jusqu’à trouver la maison où il y avait la fête. En grandissant, la famille a fini par me laisser tranquille.»

Dès lors, il rencontre El hadj Mada Seck, le meilleur tambour-major du pays qui sera son maître. Dès 1950 il rêve de créer un orchestre symphonique à sa manière dans son pays. En 1959, il rencontre Joséphine Baker à Dakar qui lui prédit qu’il deviendra un grand batteur.

Le 4 avril 1960, jour de l’Indépendance du Sénégal, il joue devant le président Senghor, dont il partage les idéaux de la Négritude, avec 110 tambourinaires et entreprend un périple à travers tout le pays pour consulter les anciens et bénéficier de leur connaissance des rythmes traditionnels.

Il est chef-tambour des Ballets nationaux où il est remarqué par le chorégraphe Maurice Béjart.

En 1986 il assoit sa renommée internationale en se produisant avec une cinquantaine de batteurs à la fête de la Musique du festival Nancy Jazz Pulsations. En 1988, il participe à la bande-son du film de Martin Scorsese «La dernière tentation du Christ». La même année, il participe au Bicentenaire de la Révolution Française. C’est cet événement qui marquera les débuts d’un engouement du public pour la musique africaine et plus particulièrement celle du Sénégal. Il accompagne France Gall au Zénith. Il collabore avec de nombreux musiciens comme Peter Gabriel, Dizzy Gillespie, Miles Davis, les Rolling Stones, Jacques Higelin et même un groupe de percussions japonais Kodo.

Son album emblématique, Djabote, est enregistré en 1992 au Sénégal. Il est une monstruosité rythmique pleine d’allant et de puissance. Il répète régulièrement «Tout ce que j’entreprends, c’est dans le seul but de faire connaître mon pays» dont il a composé la rythmique de l’hymne national.

En 2000, il revient au cinéma avec la musique du film Karmen Geï du cinéaste sénégalais Joseph Gaï Ramaka, un long métrage inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, dans lequel il joue son propre rôle.

En 2005, après avoir créé des centaines de rythmes et inventé de nouveaux instruments de percussion, il est couronné au Sénégal lors du deuxième Gala de Reconnaissance.

Il enseigne comme pédagogue du rythmique à l’institut national des arts de Dakar. Il forme pour la première fois un orchestre de femmes qui « battent tambour ».

Il meurt le 19 août 2015 à l'âge de 85 ans. Le Sénégal pleure ce personnage depuis longtemps vénéré, symbole de la nation.


BAADA MAAL est un chanteur guitariste sénégalais d’origine peule. Né le 13 juin 1953 à Podor dans la région du Fouta-Toto dans une famille de pêcheurs, rien ne le destine à cette carrière de musicien. Mais sa mère chante pour le plaisir et c’est ainsi que le jeune Baaba Maal se familiarise avec les chants a capella et les mélodies traditionnelles.

Après des études à l'Ecole des arts de Dakar, il débute sa carrière dans des troupes folkloriques avant d'effectuer un passage à Paris, en 1982, pour compléter sa formation au Conservatoire, et de tourner à travers l'Europe avec Mansour Seck.

En 1985, de retour au Sénégal, il fonde le groupe, le Daande Lenol, qui mêle les instrumentations traditionnelles et modernes. En 1986 et 1987, le Daande Lenol fait sa première tournée en Europe. En 1989, Baaba Maal se produit au New Morning et participe à l'album Passion (1989) de Peter Gabriel.

A partir de 1990, Baaba Maal enregistre ses premiers albums solo : Taara pui Baavo qui séduit l'Angleterre par la pureté de ses musiques fidèles à la tradition, suivis de Lam Toro (1993). C'est l'album Firin'In Fouta en 1994, avec le titre « African Woman », qui lui permet de se faire connaître sur le plan international. Il est accompagné du bassiste Jah Wobble, du guitariste Michael Brook et du claviériste Dave Bothrill.

En 1996, le chanteur est nominé aux Grammy Awards dans la catégorie Musiques du monde. Son groupe Daande Lenol se produit en première partie de Carlos Santana au stade de Wembley (Royaume-Uni).

Son album Nomad Soul sorti en 1998, rend un nouvel hommage à la femme peule (« Souka Nayo »). Il réunit le guitariste Mansour Seck, le percussionniste Alioune Diouf, ainsi que des artistes jamaïcains et irlandais.

Après son Live at the Royal Festival Hall publié en 2000, Baaba Maal retourne dans son pays et se consacre à des activités citoyennes. Il y enregistre l'album Missing You (Mi Yeewi) (2001) qui marque un retour vers la tradition.

 

Grande voix de l’Afrique, élu émissaire du Programme des Nations Unies pour le développement en 2003, Baaba Maal s'engage dans un programme de sensibilisation sur le SIDA. En 2006, il lance, au Sénégal, la première édition du festival Les Blues du fleuve.

 

Baabaa Maal n'en poursuit pas moins son activité musicale. En 2016 paraît The Traveller, album à son image, enregistré avec Johan Hugo et The Very Best entre Londres et le Sénégal. Deux titres en sont extraits, « Fulani Rock » et « Gilli Men ».

Baaba Maal compose une musique inspirée du yela, une danse basée sur le rythme des pileuses de mil. Appartenant à l'ethnie toucouleur, il chante dans la langue des siens, le pulaar. Ses paroles rendent souvent hommage à la beauté de la femme africaine, à la richesse de la nature, à l'écrivain et historien malien Hampâté Bâ, ou évoquent les conflits ethniques ou des faits historiques.

 

En 2009, il est le seul artiste sénégalais invité à la conférence de Copenhague de 2009 sur le climat.

 

En 2017, il reçoit le prix des Arts des mains de Macky Sall, président du Sénégal.

 

En 2018, il participe à la bande originale du film Black Panther sous la direction de Ludwig Göransson et apporte sa voix à plusieurs des morceaux de l'album comme le thème principal du Wakanda.